Pascal Quignard et les portes du féminin
Martin, Xavier
Xavier Martin, « Pascal Quignard et les portes du féminin », Tangence [Online], 115 | 2017, Online since 01 December 2018, connection on 12 March 2019. URL : http://journals.openedition.org/tangence/362
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https://urn.fi/URN:NBN:fi-fe201903128628
Tiivistelmä
Résumé
À de nombreuses reprises dans l’œuvre de Pascal Quignard, des hommes se trouvent face à des portes fermées : Henry Purcell, qui meurt de froid à l’entrée de sa propre maison, Bruno Bettelheim rentrant des camps de la mort, qui voit sa femme lui fermer la porte au nez, Patrick Carrion et son père qui n’ont pas accès à la pièce de la maison que se réserve madame Carrion, ou le narrateur de Vie secrète qui, racontant ses angoisses devant la porte de celle qu’il aime, ne sait jamais si elle lui sera ouverte ou non. Ainsi, une scène se répète au fil des livres, des hommes se heurtent à la porte d’un espace féminin, et un sentiment d’exclusion s’en dégage. Les femmes ont le pouvoir de laisser entrer des hommes dans le lieu qu’elles ont investi, mais elles peuvent aussi refuser. À partir de la notion de porte, cet article propose d’étudier une des dynamiques de la relation hommes-femmes dans l’œuvre de Quignard. Le corps des femmes peut accueillir ou, au contraire, rejeter. Leur sexe est souvent présenté comme une porte qui ouvre sur le premier monde, le monde prénatal, mais il est aussi le point de passage de l’enfant qui naît et expérimente la détresse originaire propre au deuxième monde. Le nouveau-né vient d’être chassé de son royaume, mais, comme Adam qui a encore un pied dans la porte, sur la fresque de Masaccio Adam et Ève chassés du paradis, son corps conserve une trace de ce qu’il a vécu.
Abstract
In Pascal Quignard’s work, men come up against closed doors on numerous occasions: Henry Purcell, who dies from the cold at the entry to his own home; Bruno Bettelheim returning from the death camps, whose wife shuts the door in his face; Patrick Carrion and his father, who cannot enter the room reserved for Madame Carrion’s room in their home; or the narrator of Vie secrète who, expressing his anguish in front of the door of the woman he loves, never knows whether or not she will open it. Thus, there is a recurring scene throughout the books, of men encountering the closed door to a feminine space, which results in a feeling of exclusion. Women have the power to allow men into the place they have appropriated, but they can also refuse to do so. This article employs the notion of the door to examine one dynamic of the man-woman relationship in Quignard’s work. Women’s bodies can either welcome or reject. Their sex is often presented as a door that opens onto the first world, the prenatal world, however it is also the crossing point of the child who is born and experiences the original pain unique to the second world. The newborn infant has just been expelled from his kingdom, but, like Adam who still has one foot in the door in Masaccio’s fresco Expulsion of Adam and Eve from Eden, the infant’s body retains a trace of what it has experienced.
Kokoelmat
- Avoin saatavuus [34237]